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  Expressions    Libres / Numéro  8    / Juin/ Juillet  2003 

                              Edition du     2003 ( 1ère Edition)

VVersion Française/version Internationalea /  Edition  corrigée & actualisée le 26/06/03 18:22


                                 NUMERO  8    / JUIN /JUILLET  2003 

Titre:        Ordre & Désordre 

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(C)Photos Michael Kenna http://www.michaelkenna.net/html/index2.html

 

 

Sommaire du numéro 8:

 

 

 

Editorial par Nadia Burgrave:

Le droit de résistance est un droit naturel ,non-écrit au-dessus du  droit positif.( 1)C'est ainsi que tout pouvoir conquérant une fois dominant et établi,combat  le droit naturel parce qu'on l'invoque le plus  souvent pour lui résister.C'est lui qui invite à discuter à contester l'ordre et la loi.Cependant,le droit naturel ,l'ordre concret du célèbre Carl Schmitt,supérieur au droit  écrit a pu être invoqué par le régime nazi pour justifier sa Gleichschaltung (2).De ce fait,le  droit naturel dans l'Allemagne après 1933 a mené à l'insécurité juridique puis physique ( cf.le judéocide) et aux abus de pouvoir;c'est ainsi qu'il a pu être négativement connoté,déprécié,suspecté de dangerosité dans les décennies qui suivirent.

.Pour autant," dans cette conjonction du droit et de la politique où se spécifient les déterminations actuelles de la souveraineté et du pouvoir politique, on a pu faire observer que de la même manière que le droit positif et le droit naturel sont les deux pôles de la vie du droit, de la même manière, légalité et légitimité sont les deux pôles correspondants de la vie politique..." précise Josiane Boulad Ayoub(3).Entre ces pôles s'établit une Dialectique qui anime toute vie politique;la nier, c'est tuer toute vie ... L'ordre et le dés-ordre ( dans ce qui défait l'ordre) en sont les éléments constitutifs.

C'est à partir de ce constat que Jürgen Habermas développe sa réflexion sur le droit : les systèmes sociaux sont en crise, et ce, « sous la forme d'une désintégration des institutions sociales »  . Pour Jürgen Habermas, ce phénomène de crise doit son objectivité au fait qu'elle naît de problèmes de régulation restés sans solution,de crise de la légitimité.

Alors,La Démocratie ne peut-elle se penser qu'en terme de consentement?

Et mieux,en consentement permanent  jusqu'à la fin des mandats électifs des représentants du peuple? En évitant,de surcroît toute question  dialectique reposant sur  la légitimité et sur  la légalité de tels ou tels actes relevant de l'exercice du pouvoir?Le gouvernement de Raffarin qui par le truchement de son ministre de l'Education nationale fait savoir lors d'une émission grand public que les enseignants protestataires essaient d'obtenir par la rue ce qu'ils n'ont pu obtenir par les urnes.(5)  se place d'emblée dans le registre de la légalité obtenue après le choc du 21 avril 2002.Cependant,ce gouvernement élu dans des circonstances exceptionnelles ( après la ré-élection triomphale de J.Chirac de type sursaut démocratique avec les voix de la gauche) est un gouvernement par défaut qui ne peut se prévaloir d'aucune légitimité rationnelle lorsqu'on arrive au pouvoir avec plus d'un tiers d'abstention et sans aucun programme politique clairement établi ( sauf sur la délinquance et la sécurité, les fameux thèmes  démagogiques porteurs mais dans le flou total concernant l'Education,la santé,la vieillesse, l'emploi ..). En refusant le dialogue social ,en cherchant à criminaliser les luttes sociales,en appliquant un programme politique pour lequel il n'a pas été élu, le Gouvernement Raffarin offre l'exemple-type de ses nouvelles démocraties autoritaires qui profite d'une situation exceptionnelle pour remplir un espace vide politiquement et passer à ce que G.Agamben en analysant les démocraties comme celle des Etats-Unis appelle l'état d'exception,un espace vide de droit. Que leur reste-t-il de démocratique?

 

Tous les thèmes que nous abordons dans ce numéro 8 renvoient particulièrement à cette question.

L'Europe dont les travaux sur la Convention, la nouvelle constitution pour l'avenir de l'Europe  déçoit,c'est presque une habitude, tant le peuple est absent du débat. L'on nous dira que des représentants nous représentent et que des commissaires sont commis à cette tâche mais ce qui effraie c'est l'indifférence dans laquelle ses travaux se sont déroulés.Serions-nous si peu inventifs,aurions -nous si peu de moyens techniques  que des Etats Généraux accompagnés de Cahiers de Doléances n'auraient pu se faire comme ils se sont fait au XVIIIè siècle réunissant les citoyens de villages en régions en pays? Pourquoi ne pas avoir convoqué un  Congrès des peuples directement plutôt que ses dirigeants? Pourquoi confisquer la parole ? L'Europe ne pourra se faire que par notre implication directe.

Mais,Encore une fois,l'Europe se fait sans ses citoyens.Dans ombres & lumières sur L'Europe après les interrogations d'usages d'E.Balibar,Yann Moulier Boutang,Derrida et Habermas,quelques liens utiles sont donnés pour tenter de suivre le projet de Constitution .

Dans Question sociale,Question politique, la Grève qui a secoué la France dernièrement à la suite de la présentation du projet de loi sur la réforme des retraites et de la réforme de la décentralisation dans l'Education Nationale nous enseigne deux choses au moins. La première c'est  que la question sociale se pose désormais en terme de choix de société et devance la question politique.

Un détour sur les Médias,dans Ouvrez les yeux rappelle combien la Revue Expressions libres est attachée à la liberté d'expression et à la qualité de l'information.A chaque numéro,cette rubrique s'enrichit de nouvelles ressources.

Puis,sont abordées les questions internationales,l'échelle globale étant aujourd'hui l'échelle nécessaire de toute compréhension de notre époque,grâce à des articles soigneusement sélectionnées.Les frontières,L'Empire, bref toute la réflexion sur le nomos du monde et nous entamons les premières réflexion sur l'état d'exception,concept schmittien dont la postérité s'explique par le fait qu'il devient l'outil indispensable pour comprendre comment l'on peut passer d'une situation d' exception  juridique et politique à une norme. A l'automne sera publié un compte-rendu critique dans la revue Respublica,du dernier livre de Giorgio Agamben, l'état d'exception,Homo sacer,publié au  Seuil,collection l'ordre philosophique,2003.

Enfin,avec le centenaire de George Orwell nous soufflons un peu :une pause à la fois philosophique,littéraire et politique sur l'Utopie et diffusons un entretien inédit avec Christophe Conot,professeurs de lettres.Le Numéro se termine par la présentation d'informations culturelles et artistiques indépendantes.

Bonne lecture,

Nadia.Burgrave@expressions-libres.org - Juin 2003.

 

  1. Voir à ce propos,Herbert Marcuse,Raison et Révolution,(1954)trad.française, 1968,les Editions de Minuit.
  2. Gleichchschaltung,( la mise au pas )nom donné à la période allant de Janvier 1933 à Juin 1934 durant laquelle Hitler passe d'un pouvoir  légal qui lui a été confié en janvier 33 comme chancelier du Reich à un pouvoir "hors norme " ou d'exception établissant un Etat totalitaire.
  3. Josiane Boulad Ayoub,séminaire de philosophie du droit, http://www.philo.uqam.ca/UNESCO/SeminR/Module2.htm
  4. J.Habermas,Raison et légitimité,trad. J. Lacoste, Paris, Ed. Payot, collection « Critique de la politique », 1978 (1ère édition en 1973), p. 15 et p.135.
  5. Luc Ferry, Emission  France Europe Express,dimanche15  juin 2003,FR3.
  6.  
 

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Ombres & lumières sur l'Europe

  >Articles de périodiques

E.Balibar,Politique de l'im-puissance:Quelle médiation européenne?,entretien in Passant Ordinaire,43,Mars 2003

J.Habermas et J.Derrida,Plaidoyer pour une politique extérieure commune,in Libération,1er Juin 2003.(notes de la Fondation J.Jaurès).

Y.Moulier Boutang,L'Europe trou noir,in Multitudes 11,hiver 2002.

http://www.cafebabel.com/htmlfr/homefr.asp ( nombreux articles dans plusieurs langues)

 

 >Ressources

http://www.europa.eu.int/

http://www.monde-diplomatique.fr/cahier/europe/

http://a1692.g.akamai.net/f/1692/2042/1h/medias.lemonde.fr/medias/pdf_obj/sup_constitution-europe_030617.pdf

http://www.lemonde.fr/abonnes/tld/0,,3214,00.html

http://www.courrierinternational.com/dossiers/geo/UE/01.htm

http://www.ladocumentationfrancaise.fr/monde/ue/index.shtml

http://www.institut.fsu.fr/chantiers/europe/avenir_europe.htm

La Transition Post communiste en Europe centrale et orientale, in Revue H/G, 377 &382,mars 2003

  Ombres et lumières sur l'Europe  par Nadia Burgrave.

Les Européens existent, Dominique Reynié(1) les a rencontrés. Grâce à de vastes enquêtes inédites menées à l’échelle transnationale -de la Finlande à la Transylvanie, de Chypre à L’Irlande,de la Suède à L’Espagne - les Eurobaromètres ont scruté le ciel européen.

Les Européens ont-ils conscience de partager les mêmes valeurs ?

Ont-ils le sentiment d’avoir un passé historique qui les distingue ou d’avoir vécu la même aventure ? Quelles sont leurs aspirations profondes alors que L’Europe politique après l’Europe économique s’édifie, que l’Union européenne s’élargit et qu’émerge dans le même temps un espace public européen sous l’impulsion des travaux de la Convention européenne et des circonstances, on l’a vu encore récemment, quand l’actualité a mis en évidence une mobilisation sans précédent face aux grands enjeux comme  la guerre en Irak ?

Dominique Reynié, professeur à L’I.E.P de Paris et directeur de l’Observatoire interrégional du politique  a convoqué pour cet ouvrage une quinzaine de contributeurs, chercheurs des laboratoires de statistiques et sondages, spécialistes des questions économiques, politiques, institutionnelles et culturelles pour brosser un tableau physique et moral des Européens en 2003.

Quelles ombres et quelles lumières sont jetées sur ce tableau ?

A suivre l’opinion européenne depuis plusieurs années, il apparaît que l’attachement à l’égard de l’Europe est de plus en plus vif et plus particulièrement parmi les jeunes européens de 15 à 24 ans, que l’élargissement, autre sujet actuel, peut susciter des craintes, des peurs – l’élargissement à 25 va compliquer les décisions à prendre, les migrations d’Est vers l’Ouest vont s’intensifier, l’élargissement coûtera cher- mais susciter aussi  des espoirs –l’élargissement c’est le gage d’une puissance retrouvée sur le plan économique et international comme un devoir moral de réunifier l’Europe après la guerre froide-.Les Européens aspirent, en outre, au- delà d’une communauté de valeurs démocratiques exprimées dans les 50 articles de la Charte des droits fondamentaux et de la conviction de bâtir un espace de paix et de prospérité, à être mieux informés des projets d’avenir, à voir se renforcer les liens entre citoyen et Europe dont devront tenir compte les propositions du futur congrès des peuples.

Il  ressort de cette étude que les dirigeants européens pourraient en tirer pas mal de leçons.

Prenons un exemple. La Politique agricole commune (PAC)qui représente à travers l’agriculture, le secteur économique  le plus intégré dans le processus communautaire. Sempiternel objet de litiges entre Etats, contestée par endroit dans de spectaculaires échauffourées d’agriculteurs, celle-ci est néanmoins perçue non seulement  comme légitime et incontournable par ses propres représentants, mais les Européens, en dépit de la diversité des situations historiques et économiques encore présentes du Nord au Sud, lui assignent des objectifs communs moins productivistes, plus patrimoniales et écologiques. Aux dirigeants de taire leurs différends nationaux et d’orienter intelligemment l’agriculture communautaire vers un modèle de qualité. Les Européens sont du reste plus en avance qu’on ne le pense, attendant  de nouvelles politiques communes notamment en matière de protection de l’environnement, de droits de l’homme etc..

D’autres enseignements éclairants sont aussi donnés. Hélas, on ne pourra prendre que quelques exemples. Le cas autrichien montre que l’évolution sensible de l’opinion autrichienne en faveur de l’élargissement ( sans pour autant affirmer que le revers électoral du FPÖ est dû à la question européenne)peut être largement attribué  à un débat ouvert et à une politisation des enjeux européens. Là, où la dépolitisation et la stratégie d’évitement des questions européennes se produisent, le risque de voir proliférer le populisme xénophobe et anti-européen est grand.

D’une manière générale beaucoup d’analyses insistent sur le manque d’informations des Européens. Il semble que les médias, les institutions scolaires ou politiques  échouent à s’en faire les relais.

D’autres ombres au tableau.  L’Europe du Sud - Est « en manque de temps historique » pour achever sa modernisation politique et économique est en plein marasme.  Les Balkans, malgré l’entreprise au Kosovo, où l’incertitude règne quant au maintien d’une paix ethnique et civile durable voient cependant en la Bulgarie, un modèle de transition réussie dont beaucoup devraient  s’inspirer.

Les sources de cette enquête sont impressionnantes. En témoignent la diversité et la qualité des sondages, de leurs présentations claires et précises avec le souci de rendre transparente la méthode scientifique suivie, de la richesse et la profusion des notes de bas de pages, véritable mine d’or, de la pertinence des choix  bibliographiques et des liens web. La collecte d’informations comme  son traitement analytique en font un solide travail de référence bien éloigné des lieux communs, poncifs et clichés rebattus par les médias.

Sans sacrifier au culte de la démocratie d’opinion et du gouvernement par le sondage, cet ouvrage est un outil indispensable à qui veut connaître les citoyens européens dans la plus vaste extension du terme.

Reste que le thème du choix  fédéral ou  confédéral pour la future Constitution européenne n’a pas été abordé par les auteurs. Serait-ce pour une prochaine édition ou une question par trop dérangeante ?

(c)   Nadia  Burgrave.Avril 2003.

  1.   Dominique Reynié ( sous la direction de), Les Européens en 2003,Paris,Odile Jacob, Fondation Robert Schuman, Mars 2003.

 

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Question sociale,question politique.

 

Investissez dans la Grève !

En cette période d’incertitude de la bourse, il existe un moyen sûr de ne pas perdre bêtement son argent ! la Grève!

Même 3 ans et 15 jours de grève vous coûteront moins que la  réforme Raffarin !

Une compilation de tous les articles, discours, sondages sur la réforme sur
http://reparti.free.fr …… site incontournable.

Décentraliser l'éducation pour mieux la privatiser, par Franck Poupeau.
Comme si l'école était une entreprise..., par Christian Laval et Louis Weber

http://www.monde-diplomatique.fr/2003/06/

Revue de Presse  complète  par Daniel Letouzey

http://dletouzey.free.fr/presse/revpres.htm

 

 

 

         http://www.oecd.org/pdf/M00005000/M00005992.pdf

Mise en garde à propos du texte : Une lettre de l'OCDE

A la suite du point de vue de Samuel Johsua intitulé "Luc Ferry ou la course à la sornette" (Le Monde du 21 mai), nous avons reçu d'Ulrich Hiemenz, directeur adjoint et chef de la recherche du Centre de développement de l'OCDE, la mise au point suivante :

La référence faite à une de nos publications, le Cahier de politique économique n° 13, consacré à "La faisabilité politique de l'ajustement", nous amène à apporter quelques précisions.

 

             Le projet de loi portant sur les Retraites consultable sur le site de l'Assemblée Nationale

              http://www.assemblee-nationale.fr/12/projets/pl0885.asp

         Le projet de loi portant sur la décentralisation:

             http://www.fo-snudi.fr/MIN.htm

Liste réseau des bahuts:http://www.reseaudesbahuts.lautre.net/

Liste Examens 2003:http://multitudes.samizdat.net/article.php3?id_article=1089
>Pour envoyer un message : examen2003_l@samizdat.net
>Pour s'inscrire : mailto:sympa@samizdat.net?subject=subscribe%20examen2003_l

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International / Monde 

 

mai 2003
Res Publica n° 33

Catherine Withol de Wenden
Patrice Deramaix
Emmanuel Todd
Frédéric Encel
David Simard
Hors dossier :
- "L'humanité et la génétique", entretien avec Jürgen Habermas
- "Sur la guerre de Bush", par Patrice Deramaix

Excellent critique  de Respublica,les Frontières est un numéro qui ne peut,en effet,être ignoré:

http://www.humanite.fr/journal/2003-06-09/2003-06-09-373600

Pour connaître la vérité de la cité planétaire dont la propagande libérale fait la promotion - notamment par le biais des réseaux électroniques -, il faut remiser les lunettes censées nous faire prendre le rêve de quelques-uns pour la réalité. Ce que nous proposent les tenants du capitalisme mondialisé relève d'une curieuse conception du village. " Chacun chez soi " et " il est interdit d'échanger autre chose que de l'argent et des marchandises " semblent être les vraies lois de la ville promise. À preuve, les crispations politiques que provoque la question des frontières. L'Europe - l'Europe forteresse - et sa politique d'imperméabilité migratoire, mais aussi le conflit israélo-palestinien sont de très intéressants terrains d'observation géopolitique. La rédaction de la revue Res Publica, dont la nouvelle livraison traite des frontières, a choisi d'y consacrer deux des cinq entrées du dossier : " L'immigration et les frontières de l'Europe ", de la politologue Catherine Wihtol de Wenden, montrant que la politique de clôture géographique et symbolique de l'Europe ressortit d'un raidissement paradoxal du discours d'ouverture du libéralisme ; " Du sionisme à l'État d'Israël : des frontières entre le droit et la force ", article signé par le géopolitiste Frédéric Encel, rappelant combien sont différentes, et pourtant conjuguées, la logique conduisant à l'institution d'une nation et celle qui commande à l'établissement de ses frontières, faisant d'elle un État. C'est toute la dialectique de la force et du droit - mais de quel droit parlons-nous, quand on parle d'État de droit ? s'interroge, à part, le philosophe Drieu Godefridi. Une dialectique que l'idéologie libérale vise à faire disparaître sous la justification trompeuse d'une coïncidence nécessaire entre ethnicité, nations et États, et qu'il est urgent de réinscrire dans l'espace de la réflexion politique, soulignent, du reste, une interview d'Emmanuel Todd et l'article de David Simard. Sans quoi, note enfin Patrick Deramaix, à qui on doit la dernière entrée du dossier, on accepte de fait une violence d'État pouvant s'exercer sans contrôle.

On le voit, il y a loin de l'insistante complexité de la question des frontières à cette simplicité de leur dépassement déclaré selon l'idéologie du village global. Une distance qui n'est pas sans rappeler celle, maintenant avérée, entre les déclarations d'intention démocratique du gouvernement Bush lors de l'invasion récente de l'Irak et la soumission annoncée de ce pays aux règles du libéralisme marchand, imposées avec la " libération " de l'État irakien.

(c) J.-A. N.,Humanité,9 Juin 2003.

 


Le numéro  sur les Frontières expliqué  par l' auteur:

Elément central des Etats-nations, les frontières sont rendues de plus en plus perméables lorsqu’il s’agit des flux financiers et de marchandises. Ce que l’on appelle la mondialisation paraît bien faire voler en éclat les frontières, et affaiblir ainsi l’organisation du monde selon le principe des nationalités.
Toutefois, les frontières restent un point d’appui bien plus important dans les relations internationales que ne pourraient le faire croire les rhétoriques de la mondialisation heureuse et du village planétaire internetisé. Dans les pays en paix, les frontières peuvent prendre tout leur sens de fermeture lorsqu’il s’agit d’immigration, comme c’est le cas avec l’Union européenne, région du monde qui est pourtant, de fait, une terre d’immigration. Malgré la mondialisation des flux migratoires et la globalisation économique, les frontières restent des lieux privilégiés de la violence d’Etat, d’autant plus lorsque la politique se fait sécuritaire. Dans les régions de guerre, la question des frontières peut être, en ce XXIe siècle, au centre des conflits. Les tensions extrêmes entre Israël et ce qui devrait être la future Palestine en sont un exemple criant. Entre force et droit, les uns et les autres veulent établir leurs frontières, dans un rapport de force somme toute très inégal. La « solution » sera-t-elle dans une séparation radicale des populations ? Une telle option est-elle la seule que le pragmatisme peut proposer, tant la figure de l’Autre peut avoir été dévalorisée à l’extrême par tant d’années de conflit, ou bien est-elle inacceptable ? Quoi qu’il en soit, les frontières existent aussi dans les têtes : frontières symboliques, frontières ethniques participent de la constitution de l’identité d’un groupe par rapport aux autres groupes, souvent pour le pire. Reconnaître l’autre dans sa différence est une chose, l’y enfermer en est une autre. Ici, les idéologies différentialistes et universalistes s’affrontent, porteuses toutes deux de la reconnaissance de l’autre comme de l’exclusion de l’altérité, entre acceptation de la différence de l’autre et reconnaissance de l’autre comme semblable d’un côté, et transformation de cette différence en limite infranchissable justifiant le chacun chez soi ou volonté d’intégration de l’autre par négation de la différence. D’où viennent ces idéologies ? Des soubassements anthropologiques des groupes humains ? Des rapports de domination, notamment économiques ? Et comment régler les conflits liés aux frontières géopolitiques et symboliques ? Peut-être que l’une des solutions consisterait à dépasser ce qui nous particularise de trop : la représentation des groupes humains en peuples. Un peuple n’est-il pas tant une réalité, soudé, lorsqu’il est en guerre contre un autre peuple ? Si la notion de peuple doit être dépassée, celle de pouvoir du peuple, la démocratie, doit l’être aussi. Peut-être faut-il alors inventer une autre structuration politique du monde, où la citoyenneté ne serait pas fondamentalement adossée à la nationalité, et où elle serait ainsi à redéfinir. Abolition des frontières ?

(c) David Simard,Mai 2003.

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D'autres recensions d'articles de revue qui montrent que la réflexion sur le nomos ne se tarit pas.

Frank Michelin,Professeur à l'université de Susutka ( Japon),in Histoire n°277.

Avant l'Irak, le Japon... Le protectorat américain

  Les États-Unis veulent installer en Irak une administration militaire provisoire. L’expérience réussie du protectorat sur le Japon après 1945 les encourage à le faire. Concordance des temps.( lire la suite..)

 

Naoki Sakai,in n° 13 Multitudes,Eté 2003.
Nationalisme japonais de l'Après-guerre. Complicité entre État périphérique et super-État

Le nationalisme japonais après la seconde guerre mondiale a émergé de
l'occupation du Japon par les États-Unis. Plutôt que d'opprimer le
sentiment nationaliste, l'administration américaine d'occupation a
flatté le sens de la singularité et de la continuité du Japon et a aidé
à effacer la culpabilité coloniale du Japon ainsi que sa responsabilité
dans la guerre. Cette stratégie américaine à l'égard du Japon est
parfaitement symbolisée par le fait que le système impérial a été
reconstruit comme partie prenante de la domination américaine sur
l'Est-asiatique. Bien que par moments il mette à jour un sentiment
anti-américain, le nationalisme japonais est le complice de l'hégémonie
américaine sur l'Est-asiatique de sorte que la subordination du Japon
aux politiques américaines s'est trouvée, par la suite, renforcée
lorsque ce nationalisme à manifesté des tendances plus chauvines. Dans
l'enchevêtrement actuel nous devrions sans doute trouver confirmation de
la complicité globale entretenue par des États-périphériques avec le
super-État.( lire la suite ..)

 

Chomsky :le malentendu ?

D’une mauvaise réputation... Lire Noam Chomsky en France
(Préface au livre de Noam Chomsky, De la Guerre comme politique étrangère, traduit de l’anglais par Frédéric Cotton, Marseille, Agone, 2001.) par Jean Bricmont

.Lire Chomsky est, tout d’abord, un acte d’autodéfense intellectuelle légitime et indispensable dans un monde où des cohortes d’intellectuels disciplinés et de médias serviles jouent le rôle d’une prêtrise séculière au service des puissants....

http://dogma.free.fr/txt/JB_Chomsky.htm

 

 

Les mondes du XVIe siècle


Pour Jean-Michel Sallmann, les conflits géopolitiques actuels plongent aussi leurs racines dans l'expansionnisme tous azimuts de la haute Renaissance.Géopolitique du XVIe siècle (1490-1618), Nouvelle histoire des relations internationales, de Jean-Michel Sallmann Le Seuil, collection " Poche inédit/Histoire ", 2003.     lire la suite...

 

Turbans Parlants

Pierre Bourdieu parle de l’Islam et de l’intellectuel collectif.
Interview par Franz Schultheis et Anna Schosser, Frankfurter Rundschau, 21 novembre 2001. [Version originale allemande]
[traduction française par Marie Meert, pour Les Pages Bourdieu]

Pour en venir aux problèmes actuels, voyez-vous dans le fondamentalisme religieux une forme de résistance à la mondialisation ? > Lire la suite...

 

Cost of the War in Iraq
$62,962,397,739 ( *)

Calculé en temps réel, ce site présente un cumul du montant d'argent dépensé par le gouvernement américain pour financer la guerre en Irak. Ces chiffres, qui diffèrent de ceux du département de la Défense, sont basés sur des évaluations du Bureau du budget relevant du Congrès. Parallèlement à ce compteur roulant à grande vitesse, on peut comparer les compteurs (beaucoup plus lents) liés aux dépenses en matière d'éducation, de santé, de logements sociaux ainsi la conversion des voitures en gaz naturel ...
http://www.costofwar.com/
(*)chiffre du 13 Juin à 17.47 heures françaises)

Pillage du Patrimoine Mondial 

Consternation à l'époque dans les milieux scientifiques et historiques.  Pierre Centlivres, professeur à l'Université de Neuchâtel et ancien conseiller au Musée de Kaboul commentait : «D'aucuns sont choqués par l'indignation provoquée par l'anéantissement des statues face à l'indifférence pour une population en détresse.  Que répondre, si ce n'est que la destruction de ces oeuvres du passé suscite le même malaise que tous les iconoclasmes, qu'ils soient byzantins, huguenots ou missionnaires, la même angoisse que la destruction de livres et d'oeuvres d'art sous les régimes totalitaires.  C'est celle qu'on ressent face au refus d'un legs de beauté et de liberté des croyances et de la pensée, legs qui appartient à l'humanité tout entière.»>>> lire la suite 

http://www.cyberie.qc.ca/chronik/20030422.html#b

 

Pour Frédéric Keck, le mérite de Hardt et Negri est de poser le problème de la constitution d’une subjectivité révolutionnaire globale, en des termes qui respectent cependant la spécificité des luttes locales, soit la « communauté des singularités ». Cette subjectivité révolution­naire ne peut émerger qu’au travers d’une double conversion : celle de la prophétie, par quoi les luttes se dressent à la verticale pour interpeller directement le pouvoir, celle de la mémoire, qui entretient les combats passés, selon le modèle de la Cité Divine de saint Augustin. Ces deux dimensions manifestent la nécessité d’un pouvoir spirituel, dont témoi­gne tant le mode de production intellectuel constitutif de la multitude que le mode d’écriture de ce livre, Empire, qui vise à produire affecti­vement ce sujet révolutionnaire.lire la suite du numéro 33 d'Actuel Marx :N° 33. Le nouvel ordre impérial,Mars 2003

 

Réflexion sur l'état d'exception

L'état d'exception par Giorgio Agamben,Le Monde,12 Décembre 2002.


C'est dans la Théologie politique (1922) que Carl Schmitt (1888-1985) a établi la contiguïté essentielle de l'état d'exception et de la souveraineté. Pourtant, quand bien même sa définition célèbre du souverain comme "celui qui décide de l'état d'exception" a été maintes fois commentée, une véritable théorie de l'état d'exception manque toujours dans le droit public. Pour les juristes comme pour les historiens du droit, il semble que le problème soit davantage une question de fait qu'un authentique problème juridique.

La définition même du terme est rendue difficile parce qu'il se trouve à la limite du droit et de la politique. Selon une opinion répandue, en effet, l'état d'exception se situerait dans une "frange ambiguë et incertaine à l'intersection du juridique et du politique" et constituerait donc un " point de déséquilibre entre le droit public et le fait politique". La tâche de déterminer ces lignes de confins n'en est que plus urgente. De fait, si les mesures exceptionnelles qui caractérisent l'état d'exception sont le fruit de périodes de crise politique et si, pour cette raison, il faut bien les comprendre sur le terrain de la politique et non sur le terrain juridique et constitutionnel, elles se trouvent dans la situation paradoxale d'être des mesures juridiques qui ne peuvent être comprises d'un point de vue juridique, et l'état d'exception se présente alors comme la forme légale de ce qui ne peut avoir de forme légale.

Par ailleurs, si l'exception souveraine est le dispositif original à travers lequel le droit se réfère à la vie pour l'inclure dans le geste même où il suspend son exercice, alors une théorie de l'état d'exception est la condition préliminaire pour comprendre la relation qui lie le vivant au droit. Lever le voile qui couvre ce terrain incertain entre le droit public et le fait politique, d'une part, et entre l'ordre juridique et la vie, d'autre part, est la condition pour saisir l'enjeu de la différence, ou de la prétendue différence, entre le politique et le juridique et entre le droit et la vie.

Parmi les éléments qui rendent difficile la définition de l'état d'exception, on doit compter la relation qu'il entretient avec la guerre civile, l'insurrection et le droit de résistance. En effet, dès lors que la guerre civile est le contraire de l'état normal, elle tend à se confondre avec l'état d'exception qui se trouve être la réponse immédiate de l'Etat face aux conflits internes les plus graves. Ainsi, au XXe siècle, on a pu assister à ce phénomène paradoxal qui a été défini comme une "guerre civile légale".

Soit le cas de l'Etat nazi. A peine Hitler a-t-il pris le pouvoir (ou plutôt, comme il serait plus exact de le dire, à peine le pouvoir lui est-il offert) qu'il proclame, le 28 février 1933, le décret pour la protection du peuple et de l'Etat. Ce décret suspend tous les articles de la Constitution de Weimar garantissant les libertés individuelles. Il ne fut jamais révoqué si bien que, du point de vue juridique, on peut considérer l'ensemble du IIIe Reich comme un état d'exception qui dura douze ans. En ce sens, on peut définir le totalitarisme moderne comme l'instauration, à travers l'état d'exception, d'une guerre civile légale qui permet l'élimination non seulement des adversaires politiques, mais aussi de catégories entières de la population qui semblent ne pas pouvoir être intégrées au système politique. Depuis, la création délibérée d'un état d'urgence permanent est devenue une des pratiques essentielles des Etats contemporains, démocraties comprises. Il n'est pas nécessaire d'ailleurs que l'état d'urgence soit déclaré au sens technique du mot.

Du reste, c'est au moins à partir du décret de Napoléon du 24 décembre 1811 que la doctrine française oppose un état de siège "fictif ou politique" à l'état de siège militaire. La jurisprudence anglaise parle à ce propos d'une fancied emergency ; quant aux juristes nazis, ils parlaient sans réserve d'un "état d'exception voulu" pour instaurer l'Etat national-socialiste. Pendant les deux guerres mondiales, le recours à l'état d'exception se généralise dans tous les Etats belligérants.

Aujourd'hui, face à la progression continue de ce qui a pu être défini comme une "guerre civile mondiale", l'état d'exception tend toujours plus à se présenter comme le paradigme de gouvernement dominant dans la politique contemporaine. Une fois que l'état d'exception est devenu la règle, il est à craindre que cette dérive d'une mesure provisoire et exceptionnelle en technique de gouvernement n'entraîne la perte de la distinction traditionnelle entre les formes de Constitution.

La signification foncière de l'état d'exception comme une structure originale par laquelle le droit inclut en soi le vivant à travers sa propre suspension est apparue dans toute sa clarté avec le military order que le président des Etats-Unis a décrété le 13 novembre 2001. Il s'agissait de soumettre les non-citizens suspects d'activités terroristes à des juridictions spéciales qui incluaient leur "détention illimitée" (indefinite detention) et leur traduction devant des commissions militaires. L'USA Patriot Act du 26 octobre 2001 autorisait déjà l'attorney general à détenir tout étranger (alien)suspecté de mettre en danger la sécurité nationale. Il fallait cependant que, sous sept jours, cet étranger fût expulsé ou bien qu'il fût accusé d'avoir violé la loi sur l'immigration ou d'avoir commis un autre délit. La nouveauté de l'ordre du président Bush fut d'effacer radicalement le statut juridique de ces individus et de produire par là même des entités que le droit ne pouvait ni classer ni nommer. Non seulement les talibans capturés en Afghanistan ne peuvent pas jouir du statut de prisonniers de guerre défini par la Convention de Genève, mais encore ils ne correspondent à aucun cas d'imputation fixé par les lois américaines : ni prisonniers ni accusés, mais simple detainees, ils se trouvent soumis à une pure souveraineté de fait, à une détention qui n'est pas seulement indéfinie en un sens temporel, mais bel et bien par sa nature puisqu'elle échappe complètement à la loi et à toute forme de contrôle judiciaire. Avec le detainee de Guantanamo, la vie nue rejoint son indétermination la plus extrême.

La tentative la plus rigoureuse pour construire une théorie de l'état d'exception est l'œuvre de Carl Schmitt. On la trouve pour l'essentiel dans son livre La Dictature ainsi que dans sa Théologie politique publiée un an plus tard. Comme ces deux livres, parus au début des années 1920, décrivent un paradigme qui n'est pas seulement actuel, mais dont on peut dire qu'il n'a trouvé qu'aujourd'hui son véritable aboutissement, il est nécessaire d'en résumer les thèses fondamentales.

L'objectif des deux livres est d'inscrire l'état d'exception dans un contexte juridique. Schmitt sait parfaitement que l'état d'exception, en tant qu'il met en œuvre une "suspension de l'ordre juridique dans son ensemble", semble se "soustraire à toute considération de droit" ; mais il s'agit précisément pour lui d'assurer une relation quelle qu'elle soit entre l'état d'exception et l'ordre juridique : "L'état d'exception se distingue toujours de l'anarchie et du chaos et, dans un sens juridique, on y trouve encore un ordre, quand bien même il ne s'agit pas d'un ordre juridique."

Cette articulation est paradoxale dès lors que ce qui doit être inscrit à l'intérieur du droit se révèle lui être essentiellement extérieur puisqu'il ne correspond à rien moins qu'à la suspension de l'ordre juridique lui-même. Quel que soit l'opérateur de cette inscription de l'état d'exception dans l'ordre juridique, il s'agit de montrer que la suspension de la loi relève encore du domaine du droit, et non de la simple anarchie. Ainsi, l'état d'exception introduit dans le droit une zone d'anomie qui selon Schmitt rend possible la mise en ordre effective du réel. On comprend alors pourquoi, dans la Théologie politique, la théorie de l'état d'exception peut être présentée comme une doctrine de la souveraineté. Le souverain, qui peut décider de l'état d'exception, garantit son ancrage dans l'ordre juridique. Mais précisément parce que la décision concerne ici l'annulation de la norme, parce que, donc, l'état d'exception représente la saisie d'un espace qui n'est ni à l'extérieur ni à l'intérieur, "le souverain reste à l'extérieur de l'ordre juridique normalement valide et, cependant, il lui appartient, parce qu'il est responsable pour la décision de savoir si la Constitution peut être suspendue in toto ". Etre à l'extérieur et cependant appartenir : telle est la structure topologique de l'état d'exception, et c'est parce que le souverain, qui décide de l'exception, se trouve défini logiquement dans son être par cette structure même, qu'il peut aussi être caractérisé par l'oxymore d'une extase-appartenance.

*

En 1990, Jacques Derrida tenait à New York une conférence intitulée : Force de loi : le fondement mystique de l'autorité. La conférence, qui consistait en fait en une lecture de l'essai de Benjamin, Pour une critique de la violence, suscita un vaste débat chez les philosophes comme chez les juristes. Que personne n'ait proposé d'analyser la formule apparemment énigmatique qui donnait son titre à la conférence n'est pas seulement le signe de la séparation consommée de la culture philosophique et de la culture juridique, mais aussi de la décadence de cette dernière. Le syntagme "force de loi" s'appuie sur une longue tradition du droit romain et médiéval où il signifie de manière générale, "efficacité, capacité d'obliger". Mais c'est seulement à l'époque moderne, dans le contexte de la Révolution française, que cette expression s'est mise à désigner la valeur suprême des actes exprimés par l'assemblée représentative du peuple. Dans l'article 6 de la Constitution de 1791, force de loi désigne ainsi le caractère intangible de la loi, que le souverain lui-même ne saurait ni abroger ni modifier.

Il est cependant décisif que, d'un point de vue technique, dans la doctrine moderne comme chez les anciens, le syntagme force de loi se réfère, non pas à la loi elle-même, mais aux décrets ayant, comme le dit justement l'expression, force de loi, décrets que le pouvoir exécutif peut être autorisé à formuler dans certains cas, et notamment, dans celui de l'état d'exception. Le concept de force de loi, comme terme technique du droit, définit ainsi une séparation entre l'efficacité de la loi et son essence formelle, séparation par laquelle les décrets et les mesures qui ne sont pas formellement des lois en acquièrent cependant la force.

Une telle confusion entre les actes du pouvoir exécutif et ceux du législatif est une des caractéristiques essentielles de l'état d'exception. (Le cas limite en est le régime nazi, dans lequel, comme Eichmann ne cessait de le répéter, "les paroles du Führer ont force de loi".) Et, dans les démocraties contemporaines, la production des lois par décrets gouvernementaux, qui sont ratifiés après-coup par le Parlement, est devenue une pratique courante. Aujourd'hui la République n'est plus parlementaire. Elle est gouvernementale. Mais, d'un point de vue technique, la particularité de l'état d'exception n'est pas tant la confusion des pouvoirs que l'isolement de la force de loi de la loi. L'état d'exception définit un régime de la loi dans lequel la norme vaut mais ne s'applique pas (parce qu'elle n'a pas de force), et des actes qui n'ont pas valeur de loi en acquièrent la force.

Cela signifie que, dans le cas limite, la force de loi fluctue comme un élément indéterminé qui peut être revendiqué tantôt par l'autorité de l'Etat, tantôt par l'autorité d'une organisation révolutionnaire. L'état d'exception est un espace anomique, dans lequel l'enjeu est une force de loi sans loi. Une telle force de loi est à coup sûr un élément mystique, ou, plutôt, une fiction par laquelle le droit tente de s'annexer l'anomie. Mais comment comprendre un tel élément mystique, par lequel la loi survit à son propre effacement et agit comme une pure force dans l'état d'exception ?

*

Le propre de l'état d'exception apparaît clairement à travers l'examen d'une mesure du droit romain qui peut être considérée comme son véritable archétype, le iustitium.

Dès que le Sénat romain était averti d'une situation qui semblait menacer ou compromettre la République, il prononçait un senatus consultum ultimum par lequel il demandait aux consuls (à leurs substituts, à chaque citoyen) de prendre toutes les mesures possibles pour assurer la sécurité de l'Etat. Le senatus consultum impliquait un décret par lequel on déclarait le tumultus, c'est-à-dire un état d'urgence causé par un désordre intérieur ou une insurrection qui avait pour conséquence la proclamation d'un iustitium.

Le terme ius-titium- qui est construit exactement comme sol-stitium - signifie littéralement "arrêter, suspendre le ius, l'ordre juridique". Les grammairiens romains expliquent ainsi le terme : "Quand la loi marque un point d'arrêt, tout comme le soleil à son solstice."

Ainsi, le iustitium n'était pas tant une suspension dans le cadre de l'administration de la justice, qu'une suspension du droit comme tel. Si nous voulons saisir la nature et la structure de l'état d'exception, il nous faut d'abord comprendre le statut paradoxal de cette institution juridique qui consiste tout simplement à produire un vide juridique, à créer un espace entièrement privé de ius. Soit le iustitium mentionné par Cicéron dans une de ses Philippiques. L'armée d'Antoine est en marche sur Rome et le consul Cicéron s'adresse au Sénat en ces termes : "J'estime nécessaire de déclarer le tumultus, de proclamer le iustitium et de se préparer au combat." La traduction convenue de iustitium par "vacance juridique" n'aurait ici aucun sens. Au contraire, il s'agit, face à une situation de danger, de supprimer les restrictions que les lois imposent à l'action des magistrats - c'est-à-dire, pour l'essentiel, l'interdiction de mettre à mort un citoyen sans recourir à un jugement populaire.

Face à cet espace anomique, qui vient brusquement coïncider avec celui de la Cité, les auteurs anciens et modernes semblent osciller entre deux conceptions contradictoires : faire correspondre le iustitium avec l'idée d'une complète anomie dans laquelle tout pouvoir et toute structure juridique se trouvent abolis, ou le concevoir comme la plénitude même du droit dans laquelle il coïncide avec la totalité du réel.

D'où la question : quelle est la nature des actes commis durant le iustitium ? A partir du moment où ils sont commis dans un vide juridique, ils devraient être considérés comme de purs faits, sans la moindre connotation juridique. La question est d'importance, car on envisage ici la sphère d'action qui implique avant toutes choses la possibilité de tuer. Ainsi, les historiens du droit se demandent si un magistrat qui tuait un citoyen durant le iustitium pouvait être soumis à un procès pour homicide une fois que le iustitium prenait fin. On se trouve ici face à un genre d'actions qui semblent excéder la classification juridique traditionnelle entre législation, exécution et transgression. Le magistrat qui agit pendant le iustitium, tout comme l'officier pendant l'état d'exception, n'accomplit ni ne transgresse la loi, pas plus, bien sûr, qu'il n'est en train d'en créer une nouvelle. On pourrait dire, en utilisant une expression paradoxale, qu'il est en train d'inexécuter la loi. Mais qu'est-ce que cela signifie que d'inexécuter la loi ? Comment concevoir cette classe particulière à l'intérieur des actions humaines ?

Essayons maintenant de développer dans la perspective d'une théorie générale de l'état d'exception les résultats de notre enquête généalogique sur le iustitium.

1.- L'état d'exception n'est pas une dictature mais un espace vide de droit. Dans la Constitution romaine, le dictateur était une figure spécifique de magistrat qui recevait son pouvoir d'une loi votée par le peuple. Au contraire, le iustitium, tout comme l'état d'exception moderne, n'implique la création d'aucune magistrature nouvelle, mais uniquement celle d'une zone d'anomie dans laquelle toutes les déterminations juridiques se trouvent désactivées. Au reste, en dépit d'un lieu commun, ni Mussolini ni Hitler ne peuvent être définis techniquement comme des dictateurs. Hitler, en particulier, était le chancelier du Reich, légalement nommé par le président. Ce qui caractérise le régime nazi, et en rend aussi le modèle si dangereux, c'est qu'il laissa subsister la Constitution de Weimar, en la doublant d'une seconde structure, juridiquement non formalisée, et qui ne pouvait subsister à côté de la première que grâce à la généralisation de l'état d'exception.

2.- Cet espace vide de droit semble, pour une raison ou une autre, si essentiel à l'ordre juridique lui-même, que ce dernier doit tenter, par tous les moyens, de s'assurer une relation avec le premier, comme si, pour garantir son fonctionnement, le droit devait nécessairement entretenir une relation avec une anomie.

*

C'est précisément dans cette perspective qu'il nous faut lire le débat qui opposa de 1928 à 1940 Walter Benjamin et Carl Schmitt sur l'état d'exception.

On considère généralement que le point de départ du débat est la lecture que Benjamin fit de la Théologie politique en 1923 ainsi que l'ensemble des citations de la théorie de la souveraineté de Schmitt dans son livre sur le Drame baroque. La reconnaissance par Benjamin de l'influence de Schmitt sur sa pensée a toujours été considérée comme scandaleuse. Sans entrer ici dans le détail de la démonstration, je crois pouvoir inverser la charge du scandale en suggérant de lire la théorie schmittienne de la souveraineté comme une réponse à la critique que Benjamin fait de la violence. Quel est le problème que Benjamin se pose dans sa Critique de la violence ? Il s'agit pour lui d'établir la possibilité d'une violence à l'extérieur ou au-delà du droit, d'une violence qui puisse, en tant que telle, briser la dialectique entre la violence qui pose et celle qui conserve la loi. Cette autre violence, Benjamin l'appelle "pure", "divine" ou "révolutionnaire". Ce que la loi ne peut supporter, ce qu'elle ressent comme une menace intolérable, c'est l'existence d'une violence qui lui soit extérieure, et ce, non seulement parce que les finalités en sont incompatibles avec les fins de l'ordre juridique, mais par le "simple fait de son extériorité".

On comprend désormais en quel sens la doctrine schmittienne de la souveraineté peut être considérée comme une réponse à la Critique de Benjamin. L'état d'exception est précisément l'espace dans lequel Schmitt tente de saisir et d'incorporer la thèse d'une violence pure existant à l'extérieur de la loi. Pour Schmitt, il n'y a rien de tel qu'une violence pure, il n'y a pas de violence absolument extérieure au nomos parce qu'avec l'état d'exception, la violence révolutionnaire se retrouve toujours incluse dans le droit. L'état d'exception est donc le moyen inventé par Schmitt pour répondre à la thèse de Benjamin d'une violence pure.

Le document décisif du dossier Benjamin-Schmitt est certainement la 8e des Thèses sur le concept d'histoire : "La tradition des opprimés nous enseigne que "l'état d'exception" dans lequel nous vivons est la règle. Nous devons parvenir à une conception de l'histoire qui soit à la hauteur de ce fait. Nous apercevrons alors clairement que notre tâche est de produire l'état d'exception effectif et ceci améliorera notre position dans la lutte contre le fascisme."

Que l'état d'exception soit désormais devenu la norme ne signifie pas seulement le passage à la limite de son indécidabilité, mais aussi qu'il n'est plus en mesure de remplir la fonction que Schmitt lui avait assignée. Selon lui, le fonctionnement de l'ordre juridique repose en dernière instance sur un dispositif, l'état d'exception, qui a pour but de rendre applicable la norme en en suspendant de manière temporaire l'exercice. Mais si l'exception devient la règle, le dispositif ne peut plus fonctionner et la théorie schmittienne de l'état d'exception est mise en échec.

Dans cette perspective, la distinction proposée par Benjamin entre un état d'exception effectif et un état d'exception fictif est essentielle quoique rarement aperçue. Elle se trouvait déjà chez Schmitt, qui l'empruntait à la doctrine juridique française ; mais ce dernier, conformément à sa critique de l'idée libérale d'un Etat de droit, appelle fictif un état de siège qu'on prétend réglé par la loi.

Benjamin reformule l'opposition pour la retourner contre Schmitt : une fois tombée toute possibilité d'un état d'exception fictif dans lequel l'exception et la norme sont temporellement et localement distincts, ce qui est désormais effectif, c'est l'état d'exception dans lequel nous vivons et que nous ne saurions plus distinguer de la règle. Ici, toute fiction d'un lien entre violence et droit disparaît : il n'y a plus qu'une zone d'anomie où prévaut une pure violence sans aucune couverture juridique.

On saisit mieux désormais l'enjeu du débat qui oppose Schmitt et Benjamin. La dispute se joue dans cette zone d'anomie qui pour Schmitt doit être maintenue à tout prix en relation avec le droit, tandis que, pour Benjamin, elle doit être au contraire dégagée et libérée de cette relation. Ce qui est en question ici c'est bien la relation entre violence et droit, c'est-à-dire le statut de la violence comme chiffre de l'action politique. Cette logomachie sur l'anomie semble être pour la politique occidentale tout aussi décisive que cette "lutte de géants autour de l'être" qui définit la métaphysique occidentale. A l'être pur comme enjeu ultime de la métaphysique correspond la violence pure comme enjeu ultime du politique ; à la stratégie onto-théologique qui entend se saisir de l'être pur dans les mailles du logos, correspond la stratégie de l'exception qui doit assurer la relation entre violence et droit. Tout se passe ainsi comme si le droit et le logos avaient besoin d'une zone anomique ou alogique de suspension pour pouvoir fonder leur relation à la vie.

*

La proximité structurelle entre le droit et l'anomie, entre la pure violence et l'état d'exception possède aussi, comme c'est souvent le cas, une figure inversée. Les historiens, les ethnologues et les spécialistes de folklore sont coutumiers de ces fêtes anomiques comme les Saturnales romaines, le charivari et le carnaval du Moyen Age, qui suspendent et inversent les relations juridiques et sociales qui définissent l'ordre normal. Les maîtres passent au service de leurs valets, les hommes s'habillent et se comportent comme des animaux, les mauvaises mœurs et les crimes qui tomberaient sous le coup de la loi se trouvent tout d'un coup autorisés. Mais Karl Meuli fut le premier à souligner le lien entre ces fêtes anomiques et les situations de suspension du droit qui caractérisent certaines institutions pénales archaïques. Là, comme dans le iustitium, on peut tuer un homme sans procès, détruire sa maison, ou se saisir de ses biens. Loin de reproduire un passé mythologique, le désordre du carnaval et les destructions tumultueuses du charivari réactualisent une situation historique réelle d'anomie. Le lien ambigu entre le droit et l'anomie est ainsi mis en pleine lumière : l'état d'exception est transformé en une fête sans restriction où l'on exhibe la violence pure pour en jouir en toute liberté.

*

Ainsi, le système politique de l'Occident semble être une machine double, fondée sur la dialectique entre deux éléments hétérogènes et, en quelque manière, antithétiques : le nomos et l'anomie, le droit et la violence pure, la loi et les formes de vie dont l'état d'exception a pour vocation de garantir l'articulation. Tant que ces éléments restent séparés, leur dialectique peut fonctionner, mais quand ils tendent à l'indétermination réciproque et à coïncider dans un pouvoir unique à deux faces, quand l'état d'exception devient la règle, alors le système politique se transforme en un appareil de mort. On demande donc : pourquoi le nomos a-t-il besoin de manière aussi constitutive de l'anomie ? pourquoi la politique occidentale doit-elle se mesurer à ce vide intérieur ? quelle est donc la substance du politique s'il est comme par essence assigné à ce vacuum juridique ? Tant que nous ne serons pas en mesure de répondre à ces questions, nous ne pourrons pas non plus répondre à cette autre dont l'écho traverse toute l'histoire de la politique occidentale : qu'est-ce que cela signifie que d'agir politiquement ?

Traduit de l'italien par Martin Rueff.

par Giorgio Agamben

giorgio agamben est philosophe ; professeur à l'université de Vérone, il est actuellement professeur invité à l'université de Californie. Ce texte est extrait de la conférence prononcée le 10 décembre au Centre Roland-Barthes (université Paris-VII - Denis-Diderot).


Vers l'état d'exception permanent?, le Monde,24 Juin 2003.par Pierre Hassner.

L'invraisemblable imbroglio des armes de destruction massive irakiennes, introuvables, ou en tout cas non trouvées, pose au moins plusieurs problèmes qu'il convient d'examiner en évitant le triple écueil du cynisme, de l'hypocrisie et de la naïveté : celui de la vérité et de la manipulation en politique internationale, celui des critères de l'inacceptable, du légitime, au niveau des régimes et à celui de l'emploi de la force, celui de la distinction ou de la confusion entre la norme et l'exception, entre la paix, l'état d'urgence et l'état de guerre permanente.>lire la suite
http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3232--324905-,00.html

 

 

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Médias        L'information officielle l'est trop rarementL'information officielle l'est trop rarementL'information officielle l'est trop rarement

   OUVREZ LES YEUX ...

- Bibliographie complète sur l'Histoire des Médias ( Sciences po) http://coursenligne.sciences-po.fr/2002_2003/histoire_media/delporte_bibliographie.pdf

- Revoir les numéros précédentsde Expressions-libres consacrés aux médias:

- recherches et questionnements: après avoir présenté Acrimed,voici Tocsin.net

http://www.tocsin.net/index_archives.htm

L'information est au coeur de l'organisation et du fonctionnement de notre société.
Il est essentiel d'en comprendre les rouages, de maîtriser les enjeux de sa fabrication et de sa diffusion.Tocsin observe, analyse et décrypte les médias.
Depuis des années, l'équipe de Tocsin - composée de professionnels de l'information et de la création - propose une autre approche du monde de l'information. Décalée et ludique, créative et analytique, les déclinaisons de cette mise en perspective constituent la marque de fabrique des projets développés par Tocsin.

>A lire le Dossier sur la Guerre d'Algérie:Les Journalistes en accusation

Conformistes et lâches...C'est l'accusation portée par Jean-François Kahn contre ses confrères des années de guerre. Le directeur de Marianne était correspondant à Alger à la fin des "événements". Un sentiment qu'exprime également, dans une interview autocritique, Jean-Pierre Farkas, à l'époque reporter pour Radio Luxembourg. Le silence majoritaire des médias populaires sur les tortures et les disparitions remet en cause l'histoire mythique d'une presse courageuse avec ses journaux saisis, ses éditoriaux contre la "question" et ses journalistes emprisonnés. Le paysage médiatique dominant était bien différent, comme le rappelle l'historien Benjamin Stora. Un dossier pour lancer le débat nécessaire mais jamais ouvert sur la responsabilité des journalistes et de la presse de l'époque.


- Lecture indispensable:

P i e r r e  B o u r d i e u, Sur la télévision, suivi de L’emprise du journalisme, 1996, 17,5 x 11 cm, 95p..

Ces deux cours télévisés du Collège de France, présentent, sous une forme claire et synthétique, les acquis de la recherche sur la télévision.
Le premier démonte les mécanismes de la censure invisible qui s’exerce sur le petit écran et livre quelques-uns des secrets de fabrication de ces artefacts que sont les images et les discours de télévision.
Le second explique comment la télévision, qui domine le monde du journalisme, a profondément altéré le fonctionnement d’univers aussi différents que ceux de l’art, de la littérature, de la philosophie ou de la politique, et même de la justice et de la science ; cela en y introduisant la logique de l’audimat, c’est-à-dire de la soumission démagogique aux exigences du plébiscite commercial.

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Kiosques,Gallerie,Ecritoire,Bloc-notes:

 

L' U T O P I E ,c'est la vie ?

entretien avec Christophe Conot,professeur de lettres en Juin 2003

>lire l'entretien http://webphilosophie.free.fr

 

Centenaire de George Orwell - 25 Juin 1903 - 'Who controls the past controls the future:
who controls the present controls the past.'
George Orwell '1984' (1949)

Livres,articles de G.Orwell à télécharger:

http://orwell.ru/library/novels/index_en.htm

 

sites,liens,ressources :

http://www.k-1.com/Orwell/index.cgi/index.html

http://grande-bretagne.net/orwellpage

http://students.ou.edu/C/Kara.C.Chiodo-1/orwell.html#texts

 

Articles:Adversaire du capitalisme autant que du totalitarisme, l’inventeur de Big Brother et de la «novlangue» offre des pistes de réflexion essentielles pour penser, de manière critique, la modernité. Dossier http://www.nouvelobs.com/articles/p2012/a198768.html

 

'Utopie et Contre - Utopie 

La quête de la société idéale en occident: Dossier complet réalisé par la BNF

http://expositions.bnf.fr/utopie/

 

 

Autre parcours possible dans l'Utopia ( dont l'étymologie signifie le non-lieu)

  http://www.ac-nancy-metz.fr/Pres-etab/ClaudeGellee/utopie/sommaire.htm

Mythe et utopies au XVIIIè siècle:

http://membres.lycos.fr/jccau/ressourc/utopie/synthes.htm

Supplément au voyage de Bougainville ( Diderot-1771) texte complet:

http://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiques_des_sciences_sociales/livres

/Diderot_denis/voyage_bougainville/voyage_bougainville.html

Des écrivains contemporains:

Margaret Atwood,La servante écarlate.1985,1987 en Français

[Titre original: The handmaid's tale.] Un roman qui décrit une société répressive et nataliste, qui évoque les "terribles méfaits du puritanisme", et prend tout son sens quant on pense à la montée du fondamentalisme aux Etats-Unis et à ses positions très strictes en matière de sexualité et de contraception. L'oeuvre regorge de notations politiques et sociales: elle retiendra l'attention du lecteur soucieux des "droits des femmes", de leur rôle et de leur avenir. Sur cette vision proposée d'un futur proche, la critique est partagée. [Patrick Coppens]

http://www.cariboo.bc.ca/atwood/ Margaret Atwood society

 

 

 

 

 

 

Dans l’Amérique de Bush,
Big Brother se porte bien
...par Edward S.Herman - AUTODAFE n°3-4 - Printemps 2003

Ces termes ne servent qu’à couvrir l’action hégémonique et intéressée des grandes corporations américaines, mais avec l’entière coopération des médias, cette appropriation du vocabulaire orwellien permet à Washington de renverser un à un les gouvernements qui refusent d’offrir « un climat favorable » aux investissements de ces grandes firmes pour les remplacer par des régimes plus accommodants : Marcos, Mobutu, Suharto, Pinochet et les généraux salvadoriens, brésiliens, argentins, etc. Le pitoyable géant U.S. ne se sent en sécurité qu’en imposant son contrôle et sa domination sur les petits pays d’une zone d’influence qui ne cesse de croître.
>lire la suite de l'article...

 

   

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Ecran/Web indépendant


Vent d'est...
Près de quinze ans après la chute du Mur, les cinéastes et les acteurs de l'ex-RDA sortent enfin du purgatoire, avec des films qui marquent un renouveau du cinémad'outre-Elbe

http://www.liberation.com/page.php?Article=115167#
La DDR est à la mode en Allemagne ! Pour le vérifier, vous pouvez visiter le site officiel du film "Good bye, Lenin !", qui bat actuellement les records d’entrée. Le site est riche, avec des interviews, des séquences audio et vidéo (notamment la bande - annonce du film) et des pistes d’exploitation pédagogique. Vous trouverez aussi un dossier pédagogique complet sur le site :
www.deutsch-als-fremdsprache.de

 

 

 

 

Good bye Lenin !

Berlin, République Démocratique d'Allemagne, 1989, la mère d'Alex, Mutter Kerner, fervente supportrice du régime communiste depuis la fuite de son mari en RFA, tombe dans le coma. A son réveil, après la chute du mur, Alex décide envers et contre tout de maintenir l'illusion de la RDA pour éviter un nouveau choc qui pourrait être fatal à sa mère. Réalisé par Wolfgang Becker, Good Bye, Lenin ! a remporté le Prix Ange Bleu du meilleur film européen au dernier festival de Berlin.


Poésie Philosophique
  • Montage  réalisé Par Nadia Burgrave avec (c)TwinPlayer Technologie à partir de prises de vues aériennes de Yann Arthus Bertrand (c).
    ...  Le Bonheur est une espèce de contemplation ( Aristote,Livre X,chap.VIII,8)

 

 

Web / Suppléments*
  • web philo
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